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18 octobre 2013 5 18 /10 /octobre /2013 18:19

Leonarda : Chevènement nous dit que “nous vivons sous la dictature de l'émotion”. En fait, nous vivons toujours sous une dictature quelconque : dictature du prolétariat, dictature des lobbies du pétrole ou des armes, dictature du profit, dictature de la haine de l'étranger, dictature des sondages, dictature de l'audimat, etc., choisis la tienne. Evite simplement des critiques acerbes à l'encontre d'une petite kosovare.

 

Travail du dimanche : l'Eglise n'interdit pas le travail du dimanche ; elle appelle simplement au respect du Jour du Seigneur. Tu me diras : “qu'est-ce que l'Eglise vient foutre là ?”. Ben, c'est que ce jour n'est pas un jour au hasard, mais bien celui qui nous vient des origines chrétiennes de notre pays, non ? Bon. Alors, je répète : il est important de respecter le Jour du Seigneur ; il est important de prendre le temps, une fois par semaine, d'oublier ses tracas, ses besoins et ses désirs matériels et matérialistes, et même sa profonde misère quelquefois, pour ouvrir son cœur à la spiritualité qui est en nous. Prends le temps de méditer. Prends le temps d'écouter ta respiration. Prends le temps de te détendre. Tu sais, dans la vie, tu n'as vraiment rien de plus important à faire.

Tu veux travailler plus pour gagner quelques ronds de plus qui te permettront de boucler tes fins de mois difficiles ? Mais, demande plutôt que ton patron te paye un peu plus pour ce que tu fais déjà dans la semaine. Proteste. Te laisse pas faire. Montre lui que tu n'es pas sa chose, mais bien un être humain qui a autant de droits que lui. Et que sa loi du marché, c'est bidon. Car, quand tu travailles le dimanche, tu ne fais que nous mettre tous un peu plus dedans. Et toi avec.

 

Pollution de l'air : on nous dit que ça y est, c'est officiel, l'air pollué de nos villes est cancérigène. Wow ! Qu'est-ce qu'on nous faire entendre par là ? D'un côté, c'est rassurant : ils acceptent que certaines de nos maladies ont une cause ; on a nommé le coupable ; mais comme ce coupable est insaisissable, à quoi bon ? D'un autre côté, c'est plutôt flippant, non ? On est prisonnier d'un truc qui nous bouffe à petit feu. Du coup, pourquoi pas continuer de boire et de fumer ?

Ils devraient aller un peu plus loin et voir d'où vient cette pollution. Peut-être pousseront-ils jusqu'à faire payer des taxes aux entreprises qui rejettent toutes ces saloperies dans l'air ? Non, tu vas voir, la première mesure qu'ils prendront sera pour notre poire : car toi et moi, on pollue avec notre bagnole pas chère, vu qu'on n'a pas de fric pour s'en payer une qui pollue moins. Les entreprises ont le droit de polluer puisqu'elles nous emploient ; si on les chatouille, elles menacent de partir polluer ailleurs.

Au fait, t'as vu la pollution dans des villes comme Pékin ? Ne dis pas que c'est loin et que çe ne te regarde pas. C'est plus qu'alarmant.

Il y a des activités humaines que je qualifierais de crime contre l'humanité.

Mais, on accepte.

On accepte tout. Comme des bœufs.

 

Au fait, profite un peu du dimanche pour réfléchir à tout ça.

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25 août 2013 7 25 /08 /août /2013 11:28

C'était une vaste pièce ronde où les gens déambulaient au rythme d'une musique douce et apaisante. La partie centrale était décorée de paravents inamovibles plantés au sol et formant une sorte de labyrinthe. La lumière tamisée aux couleurs changeantes devenait de plus en plus feutrée et ne laissait plus apercevoir les détails alentour. Seuls quelques petits objets suspendus au plafond par un fil de nylon renvoyaient çà et là un reflet étincelant qui attirait l'œil.

Les gens marchaient, se dandinaient, esquissait des pas de danse ou avançaient à petits pas nerveux. Mais aucun ne restait sur place. Telle était la règle.

Certains osaient s'approcher de ces objets brillants et, en voyant qu'il s'agissait de pépites d'or ou de pierres de jade ou de diamant, ils n'hésitaient pas à les arracher et à se les mettre dans la poche.

Encouragés par la témérité des uns, les autres s'aventuraient également dans les parages, mais durent se montrer encore plus téméraires pour, aux aussi, tomber sur l'un de ces joyaux, en s'engouffrant dans le labyrinthe. Ils perlaient de sueur, leurs mains tremblaient et la musique devenait plus vive. Mais leur audace payait, ils revenaient avec un large sourire et les poches bombées, ce qui encourageait les autres à en faire autant.

Soudain, la musique stoppa net.

Et chacun savait d'instinct qu'il devait se précipiter vers l'extérieur pour trouver une chaise où il pourrait s'asseoir et assurer ainsi sa sécurité.

Papadopoulos était resté debout et, bien que voyant au loin deux individus se chamailler autour d'une chaise alors qu'il y en avait une autre vide à proximité, il ne fit aucun geste pour profiter de la situation et se sauver. Il se savait trop loin du but et, donc, perdu. D'ailleurs, les deux chamailleurs ont réalisé également que chacun d'eux pouvait s'asseoir et ils firent des efforts pour afficher une certaine dignité sur leurs visages, jusque-là crispés.

A présent, tous regardaient le perdant et souriaient. Puis on se mit à commenter cette défaite. Pour les uns, il n'avait pas été assez vigilant, pour d'autres trop avide ou trop lent. Certains se souvenaient qu'il avait été gêné par untel ou que son regard s'était un peu trop attardé sur unetelle... autant de moments qui avaient conduit à cette situation fatale.

La punition : il devait vider ses poches. Et désormais, soit il quittait la pièce, soit il repayait pour avoir le droit de continuer de jouer.

 

Personne n'eut l'idée de dire que le jeu était tout bonnement injuste, que fatalement, il y a toujours un perdant vu qu'il n'y a pas assez de chaises pour tout le monde, et que ce n'était pas par pénurie de chaises mais bien parce qu'on avait envie de voir des perdants. Car le jeu ne serait pas intéressant s'il n'y avait pas de perdant.

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3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 17:30

 

L'autre jour, j'ai entendu chez Ardisson l'iconoclaste Michel Onfray, mélenchonien, athée, pourfendeur d'idées reçues et de fausses vérités historiques, déboulonnant ainsi de leur piédestal, les Freud, Sartre et autre Jésus, laissant la Boutin sur le c.., ahurie, ne sachant plus si elle devait quitter le plateau ou supporter autant de blasphèmes se déverser et gronder dans ses oreilles. Et Ardisson de surenchérir en la taquinant sur ses mœurs : elle, la catho, qui a épousé son cousin germain ; c'est pas joli-joli.

 

Mais revenons sur Onfray et son athéisme.

Il est temps pour moi de te révéler la Vérité, mon ami. Toute la vérité. Enfin tout ce que j'en sais (d'aucuns diront que c'est peu de choses, mais je te laisse juge ; et puis, pour moi c'est bien assez).

 

Depuis près d'un siècle, nos scientifiques ont évolué au point d'accepter des choses impensables auparavant. En effet, dans l'état actuel de nos connaissances (celles de nos têtes grises, pas des miennes), les particules subatomiques sont vues comme des ondes de niveaux d'énergie donnés qui ont la possibilité, par des jeux de collisions, de disparaître ou de se muer en d'autres particules... Dans ce monde subatomique, ce sont ces particules qui donnent la direction du temps et l'ampleur de l'espace. Ces particules sont des chouillas (ou quanta, pour faire plus noble) d'énergie qui vibrent et qui donnent l'illusion de matière.

Là, c'est important : l'énergie qui vibre donne l'illusion de matière !

Autrement dit, ces petits chouillas invisibles à l'œil nu, mais qui sont à la base de tout l'Univers, puisqu'ils vont se combiner entre eux pour faire des atomes, qui se combineront entre eux pour faire des molécules, qui se combineront entre elles pour faire la matière visible inerte autant que la matière vivante, hé bien, ces petits machins sont de l'énergie qui vibre et qui ainsi donne l'illusion de la matière. Tu rends compte ? (comme aurait dit Djamel)

Et ces petits trucs peuvent aussi disparaître (je l'ai déjà dit plus haut). Ils peuvent réapparaître, sortis du néant. D'ailleurs, le Néant... on ne sait plus trop comment on doit l'appeler (certains reviennent aux anciennes dénominations des alchimistes, parlant d'Ether), d'autres n'osent pas employer ce mot de peur de faire pas assez sérieux, alors ils s'empressent de dire que ce Néant n'est pas le Rien. Bon.

Du Néant surgissent donc le chouilla et l'anti-chouilla (fameux couple matière-antimatière). Et de là, l'Univers entier (nous y compris, bien évidemment).

Par conséquent, à notre échelle humaine, on peut dire qu'on est fait de vibrations. On est un paquet de vibrations en pagaille. Notre corps est fait de vibrations, mais aussi nos pensées et nos émotions. Tout. Car tout est basé sur ces chouillas.

Alors, il existe plusieurs niveaux de vibrations. Des plus petites aux plus grandes. Et dans cette palette, on peut en capter quelques unes ; nous avons développé des sens exprès pour ça : les yeux captent les vibrations de fréquences dites visuelles, les oreilles captent celles des fréquences auditives, et ainsi de suite. Mais il existe bien d'autres vibrations qu'on ne capte pas et puis d'autres dont on n'a pas conscience qu'on les capte (conscience collective ? Pourquoi pas).

Partant de là, on a finalement quatre manières de réagir :

  1. on n'y croit pas : on nie tout en bloc ;

  2. on y croit : on gobe tout en bloc ;

  3. on ne sait pas, mais on aimerait bien savoir ;

  4. on ne sait pas, mais on ne veut pas savoir (ce qui revient à tout nier).

Quand on ne croit pas, on se brime, on s'auto-mutile, on se coupe du monde... on souffre à cause du non-sens de la vie. Mais, on s'est construit ce non-sens. En fait, c'est une auto-mise en abîme.

Quand on croit, on a besoin aussi d'une histoire qui explique tout, avec un début, un milieu et une fin. On veut que quelqu'un ait créé tout ça, et on accepte d'en être la créature, puis on veut que ce Père Créateur soit bon et qu'il nous conduise vers un havre de paix. On crée toute une hiérarchie autour de ce Père avec son armée d'anges et d'archanges. Et comme il y a plusieurs conteurs, il y a aussi plusieurs histoires. Elles se ressemblent par endroits, et se distinguent à d'autres endroits.

Ces histoires ont le pouvoir d'unir les gens. Elles sont le socle d'une croyance commune. C'est là tout l’intérêt de la chose. Et puis elles ont toutes en commun la prière. La prière et un instrument fort. Car c'est une vibration qui entre en résonance avec les prières des autres. Et, du coup, ce qui était notre création d'esprit, devient une réalité. C'est la réalité de toute la communauté de croyants.

Tu comprends ? C'est le fait d'y croire qui fait que c'est vrai.

Pour ceux qui ne savent pas (les agnostiques), le bouddhiste apporte une réponse plutôt habile. Il dit : “assieds-toi et cesse de penser”. Laisse un peu toutes ces vibrations se décanter et tu y verras bien plus clair. Rester dans l'instant est finalement la véritable réalité. Le reste, ce sont des projections.

 

Et puis, en définitive, ce qu'on veut c'est d'être heureux (Michel Berger). Alors, pour être heureux, il faut et il suffit de faire vibrer le bonheur en soi et autour de soi. Il faut se mettre dans les conditions propices au bonheur. C'est aussi con que ça. On peut appeler ça “méthode Coué” ou “pratique bouddhiste”, peu importe. On peut être croyant (ça aide) ou athée (c'est plus ardu), dans les deux cas, on agira pour trouver son bonheur.

Mais on n'y arrivera pas toujours. Pourquoi ? Hé bien, on n'y arrive pas quand on n'est pas en phase avec ce qui nous entoure. Encore une histoire de vibrations.

Médite un peu là-dessus.

Amen.

 

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 19:36

 

 

Srdjan Dragojevic est un réalisateur et scénariste serbe qui gagne à être connu.

Alors bon. Commençons par le nom : il faut prononcer (à peu près) « sreudyan dragoyevitch » (le “dy” c’est le même que celui de Novak Djokovitch… bon, laisse tomber ; c’est pas grave).

 

Après plusieurs succès comme « nous ne sommes pas des anges », « joli villages, jolies flammes » ou « blessures », le voici à nouveau sur le devant de la scène avec « parade ». La Parade dont il est question est celle de la Gay Pride de 2010 qui s’est déroulée à Belgrade.

 

L’action du film se situe en 2009, avec un première tentative (fictive ?) avant celle qui a réellement eu lieu (avec un bilan d’une soixantaine de blessés plus ou moins graves). C'est en réaction à un fait divers semblable que l'auteur a voulu faire ce film.

 

Dans un monde où il faut à tout prix exhiber sa « virilité » (par le biais de la brutalité du verbe et de l’action), dans un monde où la sensibilité est proscrite (sous peine d'être complètement ostracisé), où un homme « normal » est un dur (qui en a), les homosexuels sont comme de chétifs agneaux perdus dans une forêt infestée de loups enragés qui n’ont pas mangé depuis longtemps.

Le personnage principal, Mischa Limun (limun=citron), est l'archétype de ce genre de loups : un vétéran des guerres des Balkans qui se trouve enrôlé dans cette histoire pour, un peu malgré lui, assurer la protection des homos lors de leur parade face aux hooligans qui ne cherchent qu’à en découdre.

Parmi les hommes de main qui travaillent habituellement avec lui, tous se désistent ; personne ne veut se battre pour défendre des “pédés”. Alors, il est obligé de chercher plus loin. Il se rend en Croatie, en Bosnie, au Kosovo et en Macédoine pour y chercher ses alter-ego, des durs comme lui, dont la force et la virilité sont hautement respectées et qui n'ont plus rien à prouver, pour venir lui prêter main forte.

 

Le film a un double intérêt :

-         Pour nous, gens de “l’ouest”, il s’agit d’une prise de conscience des mentalités de l’est

-         Pour eux, ceux des Balkans, il s’agit de s’émanciper à une vision nouvelle de l’être humain en général

 

En son temps, Eric Zemmour, relayant une certaine philosophie venue d’Amérique tirait la sonnette d’alarme en criant : attention, l’homme se féminise ! on est tous en train de devenir des femmelettes !

Pour moi, c’est le même thème qui est traité ici, mais pris dans l’autre sens. Srdjan semble nous dire : trop de virilité tue la virilité. Il montre très intelligemment comment ces brutes épaisses qui ont vécu toutes ces guerres et dont le langage reste d’une verdeur inqualifiable s’enlacent et s’embrassent “virilement” ou se précipitent sur le canapé pour regarder « Ben Hur » et verser une larme devant la scène où Judah Ben Hur et Messala manifestent de façon émouvante leur amitié.

 

Le peuple slave a beaucoup souffert*. Et il croit devoir se montrer fort en lançant des jurons dans toutes ses phrases et en associant la violence physique à la violence verbale. Il n’ose pas se lâcher à montrer ses sentiments (il n’ose pas se féminiser ?).

En réalité, nous ne nous féminisons pas. Nous nous normalisons simplement. Nos actes ont trop été “sexués”. On a donné un rôle aux hommes et aux femmes et on leur a attribué les activités qui semblaient être les leurs (les femmes à la cuisine, les hommes au garage …). Toutes nos activités, tous nos comportements, toutes nos attitudes se devaient d’être conformes à notre sexe. Et quand ce n’était pas le cas, c’était la sanction du reste de la société. Pour nous maintenir dans les rangs.

Quand on constate que l’homme “se féminise”, on ne regarde pas les choses sous le bon angle. En réalité, il faut désexualiser tous ces activités, comportements et attitudes pour les rendre simplement humains. Il faut un film comme celui-ci pour en prendre conscience.

 

Chez nous, on a fait un petit bout de ce chemin vers cette normalisation, mais on n’a pas fini. Pour d’autres, le chemin à accomplir est encore plus long.

 

*Le peuple slave se complait dans la souffrance. Il y a un adage un peu moqueur où il est question d'une jeune femme qui dit à sa mère : « Mère si tu savais combien c'est dur d'enfanter ! »

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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 20:45

Les radars-tronçons : voici une nouvelle annoncée sous forme de loi, donc indiscutable. Il en existe tellement de ces lois indiscutables …

Mais au fait … est-elle bien légale cette loi ? Car, si je ne m'abuse, on est photographié à notre insu avant même d'avoir commis une quelconque infraction, pour être à nouveau photographié plus tard afin de faire une évaluation qui servira à constater ou non ladite infraction. Euh. On est donc présumés coupables.

Vous, ça ne vous choque pas. Bon. Moi, ce que j'en dis …

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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 16:48

On dit familièrement : “vaut mieux entendre ça que d'être sourd”. Moi, je me demande. Quand j'entends Franz-Olivier Gisbert (FOG) … c'est à croire qu'il a fumé un pétard. Faut dire que

smoke + fog = smog

(mélange polluant, néfaste pour la santé et pour l'environnement, qui limite la visibilité). Et c'est exactement ce qu'on a eu en guise de conclusion à l'émission “des paroles et des actes” spéciale présidentielles 2012.

Il nous a sorti des trucs incroyables : “des candidats, il y en eu de très folkloriques”, “on a perdu beaucoup de temps”, “on s'est emmerdé à certains moments ; on baillait”, “il y a vraiment des candidats qu'on aurait pu nous épargner”...

Mais il ne s'arrête pas là : “Nathalie Arthaud, très impressionnant, ça fait froid dans le dos quand on pense qu'elle est prof d'Economie, que nos enfants apprennent l'Economie avec elle” ... “c'est les bronzés font de l'Economie”.

“Eva Joly une erreur de casting, on comprend rien de ce qu'elle dit, d'ailleurs tout le monde s'en fout”.

“Dupont-Aignan, mini gauliste, tout petit petit, gauliste de poche … fini à coup de gourdin par François Lenglet”.

“Mélenchon : y a un problème, c'est son programme économique complètement dingue”.

J'en passe.

Bon. Il a le droit d'avoir ses opinions, son point de vue, ses préférences, tout ça. Mais, il faut dire qu'il est grassement payé pour nous baver tout ça devant le poste en cherchant à influencer les plus hésitants d'entre nous, en créant, pour le coup, les conditions de la pensée unique, pensée qui se résumerait, selon FOG, par : “Il n'y a que 2 candidats, le reste ce ne sont que des pantins. Et parmi les 2, le président sortant était bon”.

Quelque part, ça me rappelle le referendum de 2004 sur la constitution européenne, où tout plein de gens bien-pensants et bien-s'exprimants venaient nous décliner sur tous les tons qu'il fallait voter “oui”, et que “non” serait une catastrophe, un séisme, un tsunami, etc.

 

Nonobstant tous ces déversements FOG-eux, je voudrais ici donner mon point de vue, qui dévie légèrement du sien.

C'est parce que je suis outré de constater que les vrais problèmes, les vraies questions posées par des candidats comme Arthaud, Poutou ou Mélenchon, sont balayées d'un revers de la main et vite oubliées pour qu'on parle de choses “sérieuses”. Notamment celles consistant à se demander avec qui tel ou tel devra se rallier pour passer le second tour.

Mon point de vue est que les seules vérités qui ont été dites sont venues de ces candidats qu'on a traités de pantins. Les autres n'ont fait que gesticuler.

Et pourtant, ils n'avaient pas la tâche facile. Nathalie Arthaud a eu droit à sa pique de la part de Namias à propos des camps de concentration (elle avait critiqué Israel en disant que Gaza était un camp de concentration à ciel ouvert). Mais elle s'est très bien défendue. Bon, au passage elle a dit à Namias qu'il manquait de culture (il avait qu'à pas la chercher). En tout cas, elle a estimé qu'il ne fallait pas confondre camp de concentration, camp de travail et camp d'extermination ; des camps de concentration, il y en a eu en France en son temps.

Des piques, il y en eu aussi pour Mélenchon. J'en ai dénombré 2 relativement basses de la part de Pujadas :

1/ Mélenchon, qui représente aussi le PC, devait s'expliquer sur des propos de Georges Marchais sur l'immigration ; on sent qu'il s'était bien préparé et qu'il n'est pas tombé dans le piège (politique politicienne, je ne m'attarderai pas là-dessus)

2/ l'année dernière, grâce au film “les intouchables”, Omar Sy a gagné plus de 2 millions : Omar, personnage charismatique, sympathique, adulé … peut-on imaginer de lui sucrer 1,7 millions comme ça ?

Là, j'ai senti que ça fumait un peu dans la tête du leader FDG après qu'il ait eu expliqué que 30 000€ par mois, c'est déjà beaucoup, il a dû recourir à un mini-joker : peut être qu'on pourrait trouver le moyen d'un abattement …

En tout cas, dans l'ensemble, il s'en est très bien tiré, lui aussi.

 

Mais je dois dire que c'est Philippe Poutou qui m'a le plus plu. D'abord, il ne se présente pas pour être président car il est contre le fait que le pouvoir soit concentré entre les mains d'une élite. Et puis, il porte un message fort que personne de veut entendre parce que l'establishment constitué de la classe politique ainsi que des médias a les oreilles bouchées. Ce message est évident mais on l'ignore même quand il a été clamé haut et fort : “ce n'est pas l'homme qui doit se plier aux lois de l'Economie mais le contraire”.

Alors qui sont les pantins dans l'histoire ? Je vous laisse juger par vous-mêmes.

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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 17:48

En 2007, le Washington Post tentait une opération plutôt insolite que Corinne Lesnes, correspondante du Monde dans la capitale des Etats-Unis décrivait ainsi à l"époque : "Le célèbre violoniste Joshua Bell s’est déguisé en musicien de rue et il a joué à une sortie du métro de Washington à l’heure de pointe. D’habitude, on paie 100 dollars pour l’entendre. Là, les passants avaient toute la place qu’ils voulaient pour rien".

But de cette opération, "Il s’agissait de savoir, écrit Frédéric Ferney sur son blog, si nous sommes capables, dans un endroit ordinaire et à une heure inappropriée, de percevoir la beauté. Est-ce qu’on s’arrête pour l’apprécier ? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu ?"

 

A voir sur http://www.agoravox.tv/culture-loisirs/etonnant/article/joshua-bell-dans-le-metro-une-21650

 

Et puis http://www.legrandsoir.info/+medias-la-museliere-s-appelle-silence-et-mepris+.html qui relaie l'info et apporte ses conclusions.

 

Transposons, en effet, cette histoire à un intellectuel, un scientifique, un comédien, un politicien... peu importe. Le fait est que nous fonctionnons à la manière de moutons qui suivent un troupeau ou qui, par défi, font bande à part, auquel cas, il s'agit de moutons noirs.

Nous sommes des moutons même quand on a le sentiment du contraire. Je me souviens, par exemple, de la façon dont j'ai été enrôlé dans le mouvement de la “GadElmaleh-mania” : un matin, j'avais entendu une interview à la radio, où le jeune Gad expliquait qu'il ne faisait jamais de rappels dans ses spectacles... j'avais trouvé ça bien et ça m'avait donné envie d'acheter son DVD pour voir ce qu'il valait. Mais en fait, j'étais déjà ouvert ; j'étais déjà prêt à lui accorder toute ma sympathie. Il fallait simplement qu'il ne commette pas “d'erreur grossière” qui m'aurait obligé à le cataloguer parmi les nuls. Or, je découvris un gars avec beaucoup de talent et qui m'a fait rire à profusion. J'étais fier d'avoir découvert cette perle et de la faire découvrir à ma famille.

Mais quand je découvris que, tout-à-coup, tout le monde parlait de lui sur toutes les chaines, je me suis dit que je n'ai fait que suivre le mouvement initié par certains, comme un brave mouton.

Tout l'art des publicitaires est de nous emmener là où ils souhaitent tout en nous faisant croire que c'est nous qui choisissons. Noam Chomsky parle de la “fabrication du consentement”, mais on peut dire aussi “moutonisation”. On nous mène par le bout du nez. On nous moutonise !

Mais, en fait, on ne peut rien contre ça ; on est fait comme ça. Il ne peut pas en être autrement. C'est tout bonnement un comportement d'animal social. Et il n'y a pas moyen de le changer.

Par contre, on pourrait instaurer des règles de société pour que cette moutonisation ne nous porte pas préjudice. Ça, ça serait tout à l'honneur de ceux qui nous gouvernent. Or, c'est tout le contraire qui se passe. Le politicien, autant que le commerçant, autant que le saltimbanque … n'espère qu'une chose : nous voir le suivre, tel le joueur de flûte qui emmène les rats à la rivière.

Bien sûr, on peut également prendre les choses en mains, se documenter, réfléchir, apprendre, etc., pour se faire une opinion par soi-même. Mais là encore, je suis obligé de vous décevoir : ça ne marche pas. C'est le syndrome du syndrome du saint d'Rome du sein d'Rome : le prophète, les apôtres et les fidèles. Au début tu entres en contact avec le phénomène et tu suis le mouvement ; tu deviens un fidèle (fan). Après, tu en sais plus que tout autre sur le sujet ; tu t'es rapproché du phénomène au plus près ; tu es devenu un apôtre (groupie). Et, en dernier lieu tu trahis ton maître ou tu le détrônes pour te mettre à la place du prophète lui-même. C'est ainsi que, si tu nais dans un milieu musulman, tu auras de très fortes chances d'être musulman ; si, autour de toi, on est plutôt catholique, eh bien, tu seras catholique, etc. Et si dans ton sillage, on vote untel, tu auras tendance à en faire autant. Sauf si, pour une raison ou une autre, tu te rebelles.

La société actuelle (et depuis toujours) joue de tout ça et ne vaut pas s'émanciper. Elle retombe toujours dedans. Elle se joue de notre avidité, de notre ignorance et de nos frustrations. Elle nous y maintient. Et c'est ce qui s'appelle “gérer”.

 

moutons

 

Voici un cliché que j'ai pris en Croatie. C'est une fresque sur les murs d'une banque qui fait ainsi sa pub : “I ovce i novce” (trad. “les moutons et l'argent”), ce qui a la même signification que : “le beurre et l'argent du beurre”. Les banquiers en questions veulent nous faire croire qu'en plaçant notre argent chez eux, selon les bons conseils qu'ils peuvent nous prodiguer, nous arriverions à obtenir le beurre et l'argent du beurre … à moins que ce ne soit eux qui obtiennent de nous l'un et l'autre. A méditer …

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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 18:08

En fait, il s'agit d'un discours d'ouverture des festivités de Salzbourg qui n'a pas été prononcé, parce que son auteur, Jean Ziegler, a été critiqué pour s'être affiché avec un certain Mouammar Kadhafi...

En tout cas, le texte mérite d'être lu et médité.

 

 

Sehr verehrte Damen und Herren,

 

alle fünf Sekunden verhungert ein Kind unter zehn Jahren. 37.000 Menschen verhungern jeden Tag und fast eine Milliarde sind permanent schwerstens unterernährt. Und derselbe World-Food-Report der FAO, der alljährlich diese Opferzahlen gibt, sagt, dass die Weltlandwirtschaft in der heutigen Phase ihrer Entwicklung problemlos das Doppelte der Weltbevölkerung normal ernähren könnte.





Schlussfolgerung: Es gibt keinen objektiven Mangel, also keine Fatalität für das tägliche Massaker des Hungers, das in eisiger Normalität vor sich geht. Ein Kind, das an Hunger stirbt, wird ermordet.

Gestorben wird überall gleich. Ob in den somalischen Flüchtlingslagern, den Elendsvierteln von Karachi oder in den Slums von Dhaka, der Todeskampf erfolgt immer in denselben Etappen. Bei unterernährten Kindern setzt der Zerfall nach wenigen Tagen ein. Der Körper braucht erst die Zucker-, dann die Fettreserven auf. Die Kinder werden lethargisch, dann immer dünner. Das Immunsystem bricht zusammen. Durchfälle beschleunigen die Auszehrung. Mundparasiten und Infektionen der Atemwege verursachen schreckliche Schmerzen.

Dann beginnt der Raubbau an den Muskeln. Die Kinder können sich nicht mehr auf den Beinen halten. Ihre Arme baumeln kraftlos am Körper. Ihre Gesichter gleichen Greisen. Dann folgt der Tod.

Die Umstände jedoch, die zu dieser tausendfachen Agonie führen, sind vielfältig und oft kompliziert.

Ein Beispiel: die Tragödie, die sich gegenwärtig (Juli 2011) in Ostafrika abspielt. In den Savannen, Wüsten, Bergen von Äthiopien, Djibouti, Somalia und Tarkana (Nordkenia) sind 12 Millionen Menschen auf der Flucht. Seit fünf Jahren gibt es keine ausreichende Ernte mehr. Der Boden ist hart wie Beton. Neben den trockenen Wasserlöchern liegen die verdursteten Zebu-Rinder, Ziegen, Esel und Kamele. Wer von den Frauen, Kindern, Männern noch Kraft hat, macht sich auf den Weg in eines der vom UNO-Hochkommissariat für Flüchtlinge und vertriebene Personen eingerichteten Lager.



Das Geld fehlt

Zum Beispiel nach Dadaad, auf kenianischem Boden. Dort drängen sich seit drei Monaten über 400.000 Hungerflüchtlinge. Die meisten stammen aus dem benachbarten Südsomalia, wo die mit Al-Quaida verbundenen fürchterlichen Chebab-Milizen wüten.

Seit Juni treten täglich rund 1500 Neuankömmlinge aus dem Morgennebel. Platz im Lager gibt es schon lange nicht mehr. Das Tor im Stacheldrahtzaun ist geschlossen. Vor dem Tor führen die UNO-Beamten die Selektion durch: Nur noch ganz wenige - die, die eine Lebenschance haben - kommen hinein. Das Geld für die intravenöse therapeutische Sondernahrung, die ein Kleinkind, wenn es nicht zu sehr geschädigt ist, in 12 Tagen ins Leben zurück bringt, fehlt.



Das Geld fehlt. Das Welternährungsprogramm, das die humanitäre Soforthilfe leisten sollte, verlangte am 1. Juli für diesen Monat einen Sonderbeitrag seiner Mitgliedstaaten von 180 Millionen Euro. Nur 62 Millionen kamen herein. Das normale WPF (World-Food-Programm) Budget betrug 2008 sechs Milliarden Dollar. 2011 liegt das reguläre Jahresbudget noch bei 2,8 Milliarden.

 

Warum? Weil die reichen Geberländer - insbesondere die EU-Staaten, die USA, Kanada und Australien - viele tausend Milliarden Euro und Dollars ihren einheimischen Bank-Halunken bezahlen mussten: zur Wiederbelebung des Interbanken-Kredits zur Rettung der Spekulations-Banditen. Für die humanitäre Soforthilfe (und die reguläre Entwicklungshilfe) blieb und bleibt praktisch kein Geld.

Wegen des Zusammenbruchs der Finanzmärkte sind die Hedgefonds und andere Groß-Spekulanten auf die Agrarrohstoffbörsen (Chicago Commodity Stock Exchange, u. a.) umgestiegen. Mit Termingeschäften, Futures, etc. treiben sie die Grundnahrungsmittelpreise in astronomische Höhen.

 

Die Tonne Getreide kostet heute auf dem Weltmarkt 270 Euro. Ihr Preis lag im Jahr zuvor genau bei der Hälfte. Reis ist um 110% gestiegen. Mais um 63%.

Was ist die Folge? Weder Äthiopien, noch Somalia, Djibouti oder Kenia konnten Nahrungsmittelvorräte anlegen - obschon die Katastrophe seit fünf Jahren voraussehbar war. Dazu kommt: Die Länder des Horns von Afrika werden von ihren Auslandsschulden erdrückt. Für Infrastrukturinvestitionen fehlt das Geld. In Afrika südlich der Sahara sind lediglich 3,8% des bebaubaren Bodens künstlich bewässert. In Wollo, Tigray und Shoa auf dem äthiopischen Hochland, in Nordkenia und Somalia noch weniger.

 

 

Die Dürre tötet ungestört. Diesmal wird sie viele Zehntausende töten.

Viele der Schönen und der Reichen, der Großbankiers und der Konzern-Mogule dieser Welt kommen in Salzburg zusammen. Sie sind die Verursacher und die Herren dieser kannibalischen Weltordnung.

 

Was ist mein Traum? Die Musik, das Theater, die Poesie - kurz: die Kunst - transportieren die Menschen jenseits ihrer selbst. Die Kunst hat Waffen, welche der analytische Verstand nicht besitzt: Sie wühlt den Zuhörer, Zuschauer in seinem Innersten auf, durchdringt auch die dickste Betondecke des Egoismus, der Entfremdung und der Entfernung. Sie trifft den Menschen in seinem Innersten, bewegt in ihm ungeahnte Emotionen.

Defensiv-Mauer der Selbstgerechtigkeit

Und plötzlich bricht die Defensiv-Mauer seiner Selbstgerechtigkeit zusammen. Der neoliberale Profitwahn zerfällt in Staub und Asche. Ins Bewusstsein dringt die Realität, dringen die sterbenden.

Wunder könnten in Salzburg geschehen: Das Erwachen der Herren der Welt. Der Aufstand des Gewissens! Aber keine Angst, dieses Wunder wird in Salzburg nicht geschehen! Ich erwache. Mein Traum könnte wirklichkeitsfremder nicht sein! Kapital ist immer und überall und zu allen Zeiten stärker als Kunst. "Unsterbliche gigantische Personen" nennt Noam Chomsky die Konzerne.

 

Vergangenes Jahr - laut Weltbankstatistik - haben die 500 größten Privatkonzerne, alle Sektoren zusammen genommen, 52,8% des Welt-Bruttosozialproduktes, also aller in einem Jahr auf der Welt produzierten Reichtümer, kontrolliert. Die total entfesselte, sozial völlig unkontrollierte Profitmaximierung ist ihre Strategie. Es ist gleichgültig, welcher Mensch an der Spitze des Konzerns steht.

 

Es geht nicht um seine Emotionen, sein Wissen, seine Gefühle. Es geht um die strukturelle Gewalt des Kapitals. Produziert er dieses nicht, wird er aus der Vorstands-Etage verjagt. Gegen das eherne Gesetz der Kapitalakkumulation sind selbst Beethoven und Hofmannsthal machtlos.

"L'art pour l'art" hat Théophile Gautier Mitte des 19. Jahrhunderts geschrieben. Die These von der autonomen, von jeder sozialen Realität losgelösten Kunst, schützt die Mächtigen vor ihren eigenen Emotionen und dem eventuell drohenden Sinneswandel.

Die Hoffnung liegt im Kampf der Völker der südlichen Hemisphäre, von Ägypten und Syrien bis Bolivien, und im geduldigen, mühsamen Aufbau der Radikal-Opposition in den westlichen Herrschaftsländern. Kurz: in der aktiven, unermüdlichen, solidarischen, demokratischen Organisation der revolutionären Gegengewalt.

 

Es gibt ein Leben vor dem Tod. Der Tag wird kommen, wo Menschen in Frieden, Gerechtigkeit, Vernunft und Freiheit, befreit von der Angst vor materieller Not, zusammenleben werden.

Mutter Courage, aus dem gleichnamigen Drama von Bertolt Brecht, erklärt diese Hoffnung ihren Kindern:

 

Es kommt der Tag, da wird sich wenden

Das Blatt für uns, er ist nicht fern.

Da werden wir, das Volk, beenden

Den großen Krieg der großen Herrn.

Die Händler, mit all ihren Bütteln

Und ihrem Kriegs- und Totentanz

Sie wird auf ewig von sich schütteln

Die neue Welt des g'meinen Manns.

Es wird der Tag, doch wann er wird,

Hängt ab von mein und deinem Tun.

Drum wer mit uns noch nicht marschiert,

Der mach' sich auf die Socken nun.

 

Ich danke Ihnen

 

Jean Ziegler

 

Mesdames et Messieurs,

toutes les cinq secondes, un enfant de moins de dix ans est atteint de famine. 37.000 personnes meurent de faim chaque jour et près d'un milliard soufrent en permanence sévèrement de malnutrition. Et le Rapport de l' Alimentation Mondiale de la FAO (
Food and Agriculture Organization), qui publie ces chiffres du nombre annuel de décès, affirme que l'agriculture mondiale pourrait nourrir sans problème, dans la phase actuelle de leurs développement , le double de la population dans le monde.

 

Conclusion: Il n'y a objectivement pas de pénurie, donc pas de fatalité au massacre quotidien par la faim auquel on assiste froidement. Un enfant qui meurt de faim est assassiné.

 

Les décès sont partout les mêmes. Que ce soit dans les camps de réfugiés somaliens, les bidonvilles de Karachi ou dans les bidonvilles de Dhaka, l'agonie passe toujours par les mêmes étapes. Chez les enfants sous-alimentés c'est la désintégration après quelques jours. Le corps épuise d'abord les réserves de sucre, puis de graisse. Les enfants sont léthargiques, puis toujours plus minces. Le système immunitaire s'effondre. Les diarrhées accélèrent l'épuisement. Les parasites buccaux et les infections de voies respiratoires causent des douleurs terribles.

Puis les muscles commencent à être attaqués. Les enfants ne peuvent plus se tenir sur leurs jambes. Leurs bras pendent le long de leur corps épuisé. Leurs visages ressemblent à ceux de vieillards. Puis vient la mort.

Cependant, les circonstances qui conduisent à cette insoutenable agonie sont variées et souvent complexes.


Un exemple: la tragédie qui se passe actuellement (Juillet 2011) en Afrique orientale. Dans les savanes, les déserts, les montagnes de l'Ethiopie, Djibouti, la Somalie et Tarkana (nord du Kenya) 12 millions de personnes sont en fuite. Pendant cinq ans, il n'y a plus de récolte suffisante. Le sol est dur comme du béton. Près des trous d'eau taris sont allongés, morts de soif, des zébus, des chèvres, des ânes et des chameaux. Celui qui, parmi les femmes, les enfants ou les hommes, a encore quelque force, se met en chemin vers l'un des camps mis en place par le Haut Commissariat pour les Réfugiés et pour les Déportés de l'ONU.

 

L'argent manque

Par exemple, vers Dadaad sur le sol kenyan. Là s'entassent depuis trois mois plus de 400.000 réfugiés affamés. La plupart viennent du pays voisin du sud de la Somalie, où les milices Chebab, affiliés à Al-Qaïda, font régner la terreur.

Depuis Juin, environ 1 500 nouveaux arrivants par jour débarquent dès le petit matin. Depuis longtemps déjà, il n'y a plus d'espace dans le camp. La porte de la clôture en fil de fer barbelé est fermée. Devant la porte les fonctionnaires de l'ONU procèdent à la sélection : Seul un très petit nombre - ceux qui ont une chance de vivre – peuvent entrer. L'argent pour l'alimentation par voie intraveineuse thérapeutique spéciale, qui pourrait ramener à la vie en 12 jours un petit enfant, si il n'a pas subi trop de dégâts, est absent.

 

L'argent manque. Le Programme Alimentaire Mondial, qui devrait fournir des secours humanitaires, a exigé le 1er juillet pour ce mois une contribution spéciale de ses pays membres de 180 millions d'euros. Seulement 62 millions sont venus. Le budget normal du WPF (Programme Alimentaire Mondial) en 2008 s'élève à six milliards de dollars. 2011, le budget annuel ordinaire est encore à 2,8 milliards de dollars.

 

Pourquoi ? Parce que les pays riches donateurs - en particulier les pays de l'UE, les USA, Canada et Australie - devaient payer plusieurs milliers de milliards d'euros et de dollars à leurs scélérats de banquiers : pour relancer le crédit interbancaire pour sauver les bandits de la spéculation. Pour l'aide humanitaire d'urgence (et l'aide au développement régulier) n'est resté, et ne reste pratiquement pas d'argent.

En raison de l'effondrement des marchés financiers, les hedge funds et autres grands spéculateurs sur les marchés des matières premières agricoles (Chicago Commodity Stock Exchange, etc) se sont désistés. Avec les contrats à terme, les Futures, etc, ils conduisent les prix des aliments de base à des hauteurs astronomiques.

 

La tonne de céréales sur le marché mondial d'aujourd'hui coûte 270 €. Son prix il y a un an coûtait exactement la moitié. Le riz a augmenté de 110%. Le maïs de 63%.
Quelle est la conséquence? Ni l'Ethiopie, ni la Somalie, Djibouti ou le Kenya ne pouvaient créer des stocks alimentaires - même si la catastrophe était prévisible depuis cinq ans. De plus: les pays de la Corne de l'Afrique sont submergés par leurs dettes extérieures. Pour les investissements d'infrastructure, l'argent manque. En Afrique au sud du Sahara, seulement 3,8% des terres arables sont irriguées. Dans le Wollo, le Tigré et le Choa dans les montagnes éthiopiennes, le nord du Kenya et la Somalie, encore moins.


La sécheresse tue paisiblement. Cette fois, elle va en tuer des dizaines de milliers.
Beaucoup de beau-monde et des riches, des grands banquiers et des boss des entreprises du monde sont réunis à Salzbourg. Ils sont les instigateurs et les maîtres de cet ordre mondial cannibales.


Quel est mon rêve? La musique, le théâtre, la poésie - en bref, l'art - transportent les gens au-delà d'eux-mêmes. L'art a des armes qui n'obéissent pas a l'esprit analytique : il remue le spectateur, le téléspectateur à sa base, pénètre même le sol en béton épais de l'égoïsme, de l'aliénation et de la distanciation. Il rencontre des gens dans le plus profond de leur être, il stimule en lui des émotions inattendues.

 

Mur défensif de l'auto-justification

Et soudain, se rompt le mur défensif de l'auto-justification. La course au profit néo-libérale tombe dans la poussière et la cendre. Pénètre dans la conscience la réalité, et pénétrent les mourants.
Un miracle pourrait arriver à Salzbourg : Le Réveil des maîtres du monde. La révolte de la conscience ! Mais n'ayez crainte, ce miracle ne se produira pas à Salzbourg ! Je me réveille.

Mon rêve ne pourrait pas être plus irréaliste ! Le Capital est toujours et partout et en tout temps plus fort que l'art. «Les géants immortels" comme Noam Chomsky appelle les groupes industriels.

L'année dernière - selon l'Organisation mondiale des statistiques de la Banque - les 500 plus grandes sociétés privées, tous secteurs confondus, ont contrôlé 52,8% du produit national brut mondial, donc toute la richesse mondiale produite en un an. La maximisation totale, déchaînée, socialement complètement incontrôlée, du profit est leur stratégie. L'individu à la tête du groupe n'a aucune importance.
Il ne s'agit pas de ses émotions, ses connaissances, ses sentiments. Il en va du rouleau compresseur du capital. Celui qui ne satisfait pas aux attentes est expulsé de l'étage exécutif. Contre la loi d'airain de l'accumulation du capital, même Beethoven et Hofmannsthal sont impuissants.
"L'art pour l'art" a écrit Théophile Gautier milieu du 19e siècle. La thèse de l'art autonome, détaché de toute réalité sociale, l'art, protège les puissants de leurs propres émotions et des éventuelles menaces d'altération des sens.


L'espoir réside dans la lutte des peuples de l'hémisphère sud, de l'Egypte et de la Syrie jusqu'à la Bolivie, et dans la construction patiente et minutieuse de l'opposition radicale dans les pays occidentaux dominants. En bref, dans l'organisation active, incessante, solidaire et démocratique du contre-pouvoir révolutionnaire.


Il y a une vie avant la mort. Le jour viendra où les gens vivront ensemble en paix, la justice, la raison et la liberté, libérés de la peur de la nécessité matérielle.


Mère Courage, de la pièce éponyme de Bertolt Brecht explique l'espoir pour ses enfants :


Il viendra un jour où tournera

Le vent, il n'est pas loin.
Là c'est nous, le peuple, qui arrêterons
La grande guerre du grand maître.
Les marchants, avec tous leurs acolytes

Et leur danse de la guerre et de la mort,
D'eux se débarrassera pour l'éternité

Le nouveau monde de l'homme ordinaire.
Le jour viendra, mais quand il sera,

Dépend de ton action et de la mienne.

Donc, qui ne marche pas encore avec nous

Détalle simplement.

 

Merci


Jean Ziegler

 

 

 

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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 18:35

Penchons-nous quelques instants sur le cas Mélenchon.

Ok, je ne suis pas un expert. Je ne suis ni politologue ni sociologue ni assistant d'un politicien ni même le copain d'un copain de journaliste... Mais je peux quand même avoir un avis et deux ou trois petites remarques à faire sur ce que j’observe ici et là.

Vous avez vu ? on dirait que les journalistes se sont mobilisés sur le « cas Mélenchon ». Ils ont même fait une émission où ils ont débattu pendant près de 7 minutes sur la façon que ce-dernier avait eue d’apostropher un pauvre apprenti « qui l'avait emmené sur ce terrain » (glissant) des maisons closes qui devaient être la principale préoccupation des français… (journalisme...)

Le « cas Mélenchon » ça doit préoccuper les journalistes. Comment doivent-ils s’y prendre avec lui ? d’un côté, c’est un bon client qui vient quand on l’invite et qui fait de l’audience, et de l’autre, non seulement il fustige ce merveilleux système dans lequel on vit (on ne peut décemment pas accorder une importance exagérée à quelqu’un qui veut changer le système ; on y est bien, c’est douillet, confortable, etc.), mais en plus il bouscule les journalistes en les traitant de « pourris » !

Alors, comment se défendre contre un tel énergumène ?

Je suis sûr qu’il y a eu des réunions internes pour traiter le « cas Mélenchon ».

Alors Nicolas Demorand, armé de sa nouvelle stratégie anti-JLM invite ce-dernier sur Europe-1 (DSK représente si mal la gauche) pour tenter de l’épingler. « Ne me montrez pas du doigt ! vous ne … ne me pointez pas du doigt ! »

Ok. La stratégie est claire : il faut faire comprendre aux auditeurs que ce gars est menaçant, donc dangereux. Et il faut à tout prix placer le mot « populiste » ; c’est toujours bon de traiter un gars qu’on veut discréditer de populiste. Ça me rappelle mon article sur le « blavradisme » (cf. Le blavradisme ne passera pas). On utilise un mot, peu importe lequel (ici, il a été inventé de toute pièce). Ce n’est pas la signification du mot qui importe, mais le ton sur lequel on le dit. Bref. Ce doit être insultant. Il faut que le téléspectateur ait l’impression que c’est mal.

Et puis, il y a la question qui tue : « comment expliquez-vous, alors que vous êtes du côté du peuple, que vous ayez une aussi faible cote auprès de ce-dernier ? » Et, il l’attend au tournant. Il sait que, quelle que soit la réponse, il devra dire quelque chose comme : « prendriez-vous les gens pour des imbéciles ? »

Evidemment qu’il faut poser cette question car il faut déstabiliser l’adversaire.

La réponse à la première question vient : le peuple ne peut pas réellement choisir puisqu’il est conditionné par ceux qui contrôlent la communication, les journalistes. « - pour vous, les électeurs sont des idiots. » Ha ! il l’a placé.

Je voudrais m’arrêter là-dessus.

Moi qui ne suis ni journaliste ni politicien oserais-je prétendre que les gens sont des imbéciles ? quand on voit les émissions qu’ils regardent à la télé ou les commentaires qu’ils laissent sur certaines vidéos, c’est à se poser la question…

Mais, en réalité, nous sommes tous plus ou moins des imbéciles quelque part. La question n’est pas là. La vraie question (JLM l’a très bien compris) c’est de savoir comment ne pas subir le lavage de cerveau des médias. C’est un fait que nous sommes manipulés et que, consciemment ou non, ceux qui nous dirigent « fabriquent notre consentement ». Ce n’est pas pour rien que la « pensée unique » est synonyme de « manque de liberté d’expression ». Le problème c’est que même chez nous, il n’y a pas de vraie pluralité de pensées, puisqu’on « marginalise », on « ostracise », on écarte ceux qui pourraient « influencer » différemment.

 

Ecoutez les interviews d'hommes politiques et observez comment les journalistes ramènent leur invité en surface, à chaque fois qu’il tente d’aller en profondeur. On ne souhaite pas que l’invité s’exprime sur le fond. On veut seulement qu’il gesticule en surface. Et, cela vaut pour toutes les émissions de débat et tous les « talk-show ». Ce n’est pas plus fait pour nous informer ou nous instruire que le reste. C’est juste du « show ». Car, en définitive, la vedette, c’est le journaliste ou le présentateur. C'est Demorand... c’est Zemour et Nolleau qui sont mis en scène, pas leur invité. Avec ça, on n’est pas prêt de se réveiller.

 

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 14:58

Mardi dernier (30 novembre 2010) sur France 2, film poignant sur une école de banlieue : Fracture.

Dans la scène culturelle du film le passage d'un poème de Victor Hugo est lu (passage marqué ainsi). Voici le poème intégral :

 

A CEUX QU'ON FOULE AUX PIEDS

L'année terrible, Juin – XIII, Victor Hugo

 

 

Oh ! Je suis avec vous ! J’ai cette sombre joie.

Ceux qu’on accable, ceux qu’on frappe et qu’on foudroie

M’attirent ; je me sens leur frère ; je défends

Terrassés ceux que j’ai combattus triomphants ;

Je veux, car ce qui fait la nuit sur tous m’éclaire,

Oublier leur injure, oublier leur colère,

Et de quels noms de haine ils m’appelaient entre eux.

Je n’ai plus d’ennemis quand ils sont malheureux.

Mais surtout c’est le peuple, attendant son salaire,

Le peuple, qui parfois devient impopulaire,

C’est lui, famille triste, hommes, femmes, enfants,

Droit, avenir, travaux, douleurs, que je défends ;

Je défends l’égaré, le faible, et cette foule

Qui, n’ayant jamais eu de point d’appui, s’écroule

Et tombe folle au fond des noirs événements ;

Etant les ignorants, ils sont les incléments ;

Hélas ! combien de temps faudra-t-il vous redire

À vous tous, que c’était à vous de les conduire,

Qu’il fallait leur donner leur part de la cité,

Que votre aveuglement produit leur cécité ;

D’une tutelle avare on recueille les suites,

Et le mal qu’ils vous font, c’est vous qui le leur fîtes.

Vous ne les avez pas guidés, pris par la main,

Et renseignés sur l’ombre et sur le vrai chemin ;

Vous les avez laissés en proie au labyrinthe.

Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte ;

C’est qu’ils n’ont pas senti votre fraternité.

Ils errent ; l’instinct bon se nourrit de clarté ;

Ils n’ont rien dont leur âme obscure se repaisse ;

Ils cherchent des lueurs dans la nuit, plus épaisse

Et plus morne là-haut que les branches des bois ;

Pas un phare. A tâtons, en détresse, aux abois,

Comment peut-il penser celui qui ne peut vivre ?

En tournant dans un cercle horrible, on devient ivre ;

La misère, âpre roue, étourdit Ixion.

Et c’est pourquoi j’ai pris la résolution

De demander pour tous le pain et la lumière.

 

Ce n’est pas le canon du noir vendémiaire,

Ni les boulets de juin, ni les bombes de mai,

Qui font la haine éteinte et l’ulcère fermé.

Moi, pour aider le peuple à résoudre un problème,

Je me penche vers lui. Commencement : je l’aime.

Le reste vient après. Oui, je suis avec vous,

J’ai l’obstination farouche d’être doux,

Ô vaincus, et je dis : Non, pas de représailles !

Ô mon vieux cœur pensif, jamais tu ne tressailles

Mieux que sur l’homme en pleurs, et toujours tu vibras

Pour des mères ayant leurs enfants dans les bras.

 

Quand je pense qu’on a tué des femmes grosses,

Qu’on a vu le matin des mains sortir des fosses,

Ô pitié ! quand je pense à ceux qui vont partir !

Ne disons pas : Je fus proscrit, je fus martyr.

Ne parlons pas de nous devant ces deuils terribles ;

De toutes les douleurs ils traversent les cribles ;

Ils sont vannés au vent qui les emporte, et vont

Dans on ne sait quelle ombre au fond du ciel profond.

Où ? qui le sait ? leurs bras vers nous en vain se dressent.

Oh ! ces pontons sur qui j’ai pleuré reparaissent,

Avec leurs entreponts où l’on expire, ayant

Sur soi l’énormité du navire fuyant !

On ne peut se lever debout ; le plancher tremble ;

On mange avec les doigts au baquet tous ensemble,

On boit l’un après l’autre au bidon, on a chaud,

On a froid, l’ouragan tourmente le cachot,

L’eau gronde, et l’on ne voit, parmi ces bruits funèbres,

Qu’un canon allongeant son cou dans les ténèbres.

Je retombe en ce deuil qui jadis m’étouffait.

Personne n’est méchant, et que de mal on fait !

 

Combien d’êtres humains frissonnent à cette heure,


Sur la mer qui sanglote et sous le ciel qui pleure,

Devant l’escarpement hideux de l’inconnu !


Etre jeté là, triste, inquiet, tremblant, nu,

Chiffre quelconque au fond d’une foule livide,


Dans la brume, l’orage et les flots, dans le vide,


Pêle-mêle et tout seul, sans espoir, sans secours,

Ayant au cœur le fil brisé de ses amours !


Dire : - « Où suis-je ? On s’en va.

Tout pâlit, tout se creuse,


Tout meurt. Qu’est-ce que c’est que cette fuite affreuse ?

La terre disparaît, le monde disparaît.


Toute l’immensité devient une forêt.


Je suis de la nuée et de la cendre. On passe.

Personne ne va plus penser à moi. L’espace !

Le gouffre ! Où sont-ils ceux près de qui je dormais ! » –

Se sentir oublié dans la nuit pour jamais !


Devenir pour soi-même une espèce de songe !


Oh ! combien d’innocents, sous quelque vil mensonge

Et sous le châtiment féroce, stupéfaits !


— Quoi ! disent-ils, ce ciel où je me réchauffais,


Je ne le verrai plus ! on me prend la patrie !


Rendez-moi mon foyer, mon champ, mon industrie,


Ma femme, mes enfants ! rendez-moi la clarté !


Qu’ai-je donc fait pour être ainsi précipité

Dans la tempête infâme et dans l’écume amère,


Et pour n’avoir plus droit à la France ma mère ! –


 

Quoi ! lorsqu’il s’agirait de sonder, ô vainqueurs,

L’obscur puits social béant au fond des cœurs,

D’étudier le mal, de trouver le remède,

De chercher quelque part le levier d’Archimède,

Lorsqu’il faudrait forger la clef des temps nouveaux ;

Après tant de combats, après tant de travaux,

Et tant de fiers essais et tant d’efforts célèbres,

Quoi ! pour solution, faire dans les ténèbres,

Nous, guides et docteurs, nous les frères aînés,

Naufrager un chaos d’hommes infortunés !

Décréter qu’on mettra dehors, qui ? le mystère !

Que désormais l’énigme a l’ordre de se taire,

Et que le sphinx fera pénitence à genoux !

Quels vieillards sommes-nous ! quels enfants sommes-nous !

Quel rêve, hommes d’Etat ! quel songe, ô philosophes !

Quoi ! pour que les griefs, pour que les catastrophes,

Les problèmes, l’angoisse et les convulsions

S’en aillent, suffit-il que nous les expulsions ?

Rentrer chez soi, crier : - Français, je suis ministre

Et tout est bien ! - tandis qu’à l’horizon sinistre,

Sous des nuages lourds, hagards, couleur de sang,

Chargé de spectres, noir, dans les flots décroissant,

Avec l’enfer pour aube et la mort pour pilote,

On ne sait quel radeau de la Méduse flotte !

Quoi ! les destins sont clos, disparus, accomplis,

Avec ce que la vague emporte dans ses plis !

Ouvrir à deux battants la porte de l’abîme,

Y pousser au hasard l’innocence et le crime,

Tout, le mal et le bien, confusément puni,

Refermer l’océan et dire : c’est fini !

Être des hommes froids qui jamais ne s’émoussent,

Qui n’attendrissent point leur justice, et qui poussent

L’impartialité jusqu’à tout châtier !

Pour le guérir, couper le membre tout entier !

Quoi ! pour expédier prendre la mer profonde !

Au lieu d’être ceux-là par qui l’ordre se fonde,

Jeter au gouffre en tas les faits, les questions,

Les deuils que nous pleurions et que nous attestions,

La vérité, l’erreur, les hommes téméraires,

Les femmes qui suivaient leurs maris ou leurs frères,

L’enfant qui remua follement le pavé,

Et faire signe aux vents, et croire tout sauvé

Parce que sur nos maux, nos pleurs, nos inclémences,

On a fait travailler ces balayeurs immenses !

 

Eh bien, que voulez-vous que je vous dise, moi !

Vous avez tort. J’entends les cris, je vois l’effroi,

L’horreur, le sang, la mer, les fosses, les mitrailles,

Je blâme. Est-ce ma faute enfin ? j’ai des entrailles.

Éternel Dieu ! c’est donc au mal que nous allons ?

Ah ! pourquoi déchaîner de si durs aquilons

Sur tant d’aveuglements et sur tant d’indigences ?

Je frémis.

 

Sans compter que toutes ces vengeances,

C’est l’avenir qu’on rend d’avance furieux !

Travailler pour le pire en faisant pour le mieux,

Finir tout de façon qu’un jour tout recommence,

Nous appelons sagesse, hélas ! cette démence.

Flux, reflux. La souffrance et la haine sont sœurs.

Les opprimés refont plus tard des oppresseurs.

 

Oh ! dussé-je, coupable aussi moi d’innocence,

Reprendre l’habitude austère de l’absence,

Dût se refermer l’âpre et morne isolement,

Dussent les cieux, que l’aube a blanchis un moment,

Redevenir sur moi dans l’ombre inexorables,

Que du moins un ami vous reste, ô misérables !

Que du moins il vous reste une voix ! que du moins

Vous nous ayez, la nuit et moi, pour vos témoins ?

Le droit meurt, l’espoir tombe, et la prudence est folle.

Il ne sera pas dit que pas une parole

N’a, devant cette éclipse affreuse, protesté.

Je suis le compagnon de la calamité.

Je veux être, - je prends cette part, la meilleure, -

Celui qui n’a jamais fait le mal, et qui pleure ;

L’homme des accablés et des abandonnés.

Volontairement j’entre en votre enfer, damnés.

Vos chefs vous égaraient, je l’ai dit à l’histoire ;

Certes, je n’aurais pas été de la victoire,

Mais je suis de la chute ; et je viens, grave et seul,

Non vers votre drapeau, mais vers votre linceul.

Je m’ouvre votre tombe.

 

Et maintenant, huées,

Toi calomnie et toi haine, prostituées,

Ô sarcasmes payés, mensonges gratuits,

Qu’à Voltaire ont lancés Nonotte et Maupertuis,

Poings montrés qui jadis chassiez Rousseau de Bienne,

Cris plus noirs que les vents de l’ombre libyenne,

Plus vils que le fouet sombre aux lanières de cuir,

Qui forciez le cercueil de Molière à s’enfuir,

Ironie idiote, anathèmes farouches,

Ô reste de salive encore blanchâtre aux bouches

Qui crachèrent au front du pâle Jésus-Christ,

Pierre éternellement jetée à tout proscrit,

Acharnez-vous ! Soyez les bien venus, outrages.

C’est pour vous obtenir, injures, fureurs, rages,

Que nous, les combattants du peuple, nous souffrons,

La gloire la plus haute étant faite d’affronts.

 

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