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31 octobre 2015 6 31 /10 /octobre /2015 16:29

Que sont les mots ?

Pour nous, occidentaux, un mot, c'est des lettres juxtaposées et qui, prononcées intérieurement ou de vive voix, stimulent notre cerveau pour y faire émerger un concept, une idée, une émotion, un sentiment, une image, …

Une image, c'est justement ce qu'on ne doit pas avoir en tête, pour des raisons que nous ne discuterons pas ici, quand on parle de ce qui est sacré : “Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre”.

Alors, quand certains détruisent les statues de Bouddha ou autres, c'est pour suivre les paroles (les mots) de leur Dieu tout-puissant, seul habilité à leur insuffler les idées justes et universelles que tout être sensé est censé avoir. En détruisant, ils nous ramènent à la vérité première (“Au début était le verbe”).

 

Mais les mots se jouent de nous. Les sages chinois n'ont-ils pas dit que la parole avait été donnée à l'homme pour cacher ce qu'il pensait ? A méditer …

Les mots se jouent de nous et nous nous jouons des autres à travers les mots. Nous usons de formules toutes faites et éprouvées pour blablater et endormir nos interlocuteurs ou nous inventons des concepts sophistiqués pour les éblouir. Nous justifions ce que nous avons envie de justifier et tant pis pour ceux qui ne savent pas se défendre.

 

Le concept que nos chers politiciens et leurs tendres économistes nous ont pondu et viennent de remettre au goût du jour est : “Le coût du travail”. Oui, ils nous refont le coup du travail.

Mais qui peut dire ce que coûte le travail ? Et, en règle générale, quel est le coût des choses ?

Prenons un exemple simple : la baguette. Combien coûte une baguette ? Qui en fixe le prix ?

Alors, je sais, il y a le coût de la farine, de la levure et puis de l'électricité pour faire pétrir la pâte, les taxes diverses … et puis il y a la marge. La marge, c'est, a priori, ce que le boulanger estime être le coût de son travail. En fait, c'est à la fin du mois, quand il a vendu tout ce qu'il a pu vendre et qu'il a payé toutes ses charges qu'il compte ce qu'il lui reste. Et si c'est pas assez pour payer son loyer, son bifteck, ses fringues et un ou deux ciné-resto, ben il va augmenter le prix de sa baguette. C'est donc le coût des trucs tout autour de lui qui lui imposent le coût de son travail. Et s'il ne peut pas augmenter ses prix à cause de certaines lois qui l'en empêchent, il est obligé, soit de mettre la clé sous la porte (expression toute faite) soit de truander d'un façon ou d'une autre.

Prenons maintenant le cas du salarié. Lui, quand il a eu de la chance, il a pu négocier son salaire à l'embauche, mais dans la plupart des cas, il subit la loi du marché (encore une expression toute faite). Et, dans tous les cas, une fois le CDI signé, il ne fait plus que subir cette fameuse loi fumeuse. Dans le cas du salarié, la marge, ce n'est pas la sienne. C'est celle du patron. Et lui, il est le coût du travail pour son patron.

Est-il nécessaire d'ajouter que le patron n'a aucune loi qui l'empêche d'augmenter sa marge ? Alors, bien sûr, il y a patron et patron. Le boulanger est un patron à sa manière. Il en existe qui emploient un peu plus de gens. Mais je parle des grands patrons. Ceux qui comptent dans l'économie du pays. Hé bien, ce sont eux qui imposent le coût de notre travail.

Donc, quand on nous parle de coût du travail, on nous crache tout bonnement à la figure. Nous sommes le coût du travail pour nos patrons. Et nous coûtons ce que nous coûtons, juste parce qu'ils ont envie d'avoir la marge qu'ils ont. Alors méfions-nous des mots, car la parole a été donnée à l'homme pour cacher ce qu'il pense.

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