On se plaint tous de la corruption, des malversations, de l'enrichissement indécent des uns pendant que les autres crèvent de faim ; on dénonce les magouilles ; on dénonce l'irresponsabilité des particuliers et de l'Etat face au désastre causé à l'environnement...
On s'arrache les cheveux et on se désespère.
Par quel bout prendre les problèmes ? Auquel doit-on s'attaquer en premier ? Il y en a tellement !
Les plus philosophes d'entre nous, vont nous dire qu'en réalité, il n'y a pas DES problèmes, mais juste un : c'est l'homme avec sa cupidité.
Soit.
Mais cette réflexion ne fait pas avancer les choses. Tâchons d'être plus pragmatiques.
L'homme est ce qu'il est. Il tente, du mieux qu'il peut, de s'adapter à son environnement (au passage, c'est ça la loi de Darwin : s'adapter à son environnement, et rien d'autre). Il en résulte tout naturellement qu'il faut changer cet environnement. Si on veut que l'homme soit plus honnête, il faut créer un environnement où il ne pourrait pas être malhonnête.
Et lequel ?
Tout d'abord, sachons reconnaître ce qui nous a menés jusqu'ici. Or, c'est très simple : la façon que l'on a de pratiquer l'échange (le commerce).
Nous avons, en effet, 2 acteurs -- un acheteur et un vendeur --, un produit -- appartenant au vendeur --, et une somme d'argent -- appartenant à l'acheteur. Le vendeur cède son produit en échange de quoi l'acheteur se désaisit de son argent au profit dudit vendeur.
Dans un milieu neutre, le vendeur et l'acheteur vont "marchander" jusqu'à ce qu'ils soient tous les deux d'accord sur la transaction, même si chacun des deux aura tendence à vouloir "arnaquer" l'autre. On dira que c'est de bonne guerre... Mais, dans un milieu où l'un des 2 est nettement plus fort que l'autre, ce jeu devient de l'arnaque pure. C'est pourquoi, je dis que cette règle est la base de tous nos problèmes.
J'avance donc que, si on veut VRAIMENT résoudre tous nos problèmes, il faut et il suffit de changer cette règle du jeu de l'échange commercial.
Alors, on pourrait, par exemple, imaginer le jeu suivant (si vous avez d'autres idées, elles sont les bienvenues) : un échange sans vendeur. L'acheteur a de l'argent sur son compte en banque et le produit... aussi. Plus précisément, le produit a un compte en banque négatif (où il manque exactement la somme qu'il coûte). L'acheter signifierait simplement renflouer son compte. Dès lors, le produit serait affranchi (il n'aurait plus de compte, car plus de dette envers la banque), et deviendrait propriété de l'acheteur. Dans cette transaction, personne ne s'enrichit, car le but d'une consommation ne doit pas conduire des "vendeurs" à encaisser du fric. Une consommation signifie, au contraire, brûler l'argent emmagasiné à travers notre travail.
La question qui se pose alors est : "quel est le cheminement qui permet d'attribuer un compte au produit ?".
C'est simple : dès que quelqu'un (une entreprise ou un particulier) décide de le mettre sur le marché, il s'en "débarrasse" (il le donne gratuitement), en l'enregistrant de sorte à ce qu'il soit officiellement un produit susceptible d'être acheté. Encore une fois : on ne s'enrichit pas en vendant, car la vente n'existe plus. On ne peut s'enrichir qu'en travaillant.
Maintenant, vous me direz : "mais comment voulez-vous mettre un tel système en place ?". Ce à quoi je réponds qu'il faut d'abord que l'idée devienne une évidence pour tous, et cela se mettra naturellement en place le moment venu.
"Toute idée nouvelle est moquée au début, puis, après un certain temps, violemment attaquée, avant d'être, bien plus tard, vue
comme une évidence" (bien entendu, elle peut également être ignorée, mais c'est juste une autre manière de s'en moquer)
Arthur Schopenhauer.